Répondant à la question de l’échec et la léthargie qui a frappé les partis politiques et qui ne paraissent qu’a l’approche des élections ainsi que plusieurs questions relatives à l’actualité nationale et internationale, Djamel Benabdeslam, se défend. « Ce n’est pas tous les partis politiques qui sont responsables de ce qui s’est passé dans le pays. Le peuple s’est retrouvé en face des milliers d’élus corrompus, médiocre etc. C’est la raison pour laquelle, le citoyen a jugé de manière sévère tous les partis et a mis tous les partis dans le même sac.». Loin des sentiers battus, le président du parti FAN, lâche ses vérités.
Algerie62 : Les partis politiques sont pratiquement absents sur la scène nationale depuis des années. Qu’est-ce qui a poussé les partis à rester gentil et à démissionner de leurs rôles depuis ?
Djamel Benabdeslam : Pour activer et sortir sur le terrain, il faut assurer un environnement politique libre et réunir toutes les conditions nécessaires. On doit assurer un climat politique favorable et un environnement positif qui permet aux partis d’activer sur la scène. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Lorsque l’on consulte la loi qui régit les partis politiques et la loi électorales, on trouve que la loi électorale est venue pour casser les partis politiques. Le Président de la République a insisté sur l’importance de la participation et l’implication de la jeunesse dans la vie politique. Mais lorsqu’un jeune veut se présenter aux élections dans une liste indépendante, on lui donne 500.000 DA. D’un autre côté, lorsqu’un jeune veut se présenter aux élections dans la liste d’un parti politique, il doit s’autofinancer. L’interprétation que l’on peut donner à cette loi, est clair. C’est-à-dire les jeunes peuvent se présenter dans la liste des candidats indépendants, mais pas dans les listes des partis politique.
En réalité, les partis politiques sont des écoles de formations, d’encadrement et de promotions politique. Le point faible, c’est que le candidat indépendant se trouve face à lui-même et sans encadrement. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Tout est liées à la loi et à l’administration. C’est pour cela que les partis politiques ont reculés et se sont recroquevillé sur eux même en attendant les meilleures conditions et environnement pour activer. Les député des partis politiques présent au parlement, ont droit à un budget du trésor public à raison de 400.000 DA/mois. Depuis 2018 à ce jour, les partis sont privés de leurs droits financiers. En plus de cela, il y a aussi l’absence de véritables militants. Les gens ne paient même pas leurs cotisations. La situation a généré l’apparition de l’argent sale. On n’a pas laissé les militants des partis politique activer dans la politique.
Ok. Ne faut-il pas avouer l’échec des partis politique qui ont perdus la confiance et toutes crédibilité auprès du peuple ? Les partis ont étés refusé de marcher avec le hirak béni qui a sauvé le pays du pire de la Issaba. Les partis ont voulu récupérer la masse du peuple à leurs profits. Les chefs des partis ont étés chassés de toutes les marches pacifiques. Comment expliquer toutes cette débâcle des partis qui jouent le double jeu ?
Effectivement. Il y a eu l’échec. Les partis politiques sont également responsables de la situation qu’a connu notre pays. Mais, on ne doit pas généraliser. Il y a des partis au pouvoir qui ont profité de la fraude électorale. Il y a eu le phénomène de la corruption et de l’argent sale. Ce sont les partis au pouvoir sans citer les noms « FLN + RND Ndlr » qui sont au pouvoir et au parlement qui sont responsables des situations que nous avons vécus et connus. Ils ont donné beaucoup de promesses pour accéder au pouvoir. Une fois arrivé, ils ont changé de position et n’ont pas tenu leurs promesses.
Ce n’est pas tous les partis politiques qui sont responsables de la situation. C’est la raison pour laquelle, le peuple s’est retrouvé en face des centaines d’élus et responsables corrompus. C’est la raison pour laquelle, le peuple a jugé de manière sévère tous les partis. Ils ont mis tous les partis politiques dans le même sac. Nous avons des partis qui sont arrivé au pouvoir grâce à la fraude et la complicité de l’administration. Les autres partis n’ont pas été élus ou testés pour voir les résultats de leurs gestions. Il faut voire aussi le code de la commune qui a retiré toutes les prérogatives aux élus. Même s’il y a des communes qui ont la volonté de travailler pour aller de l’avant et tenir leurs promesses électorales, ce sont retrouvés coincés. Un maire sans prérogatives ne peut développer la commune. Les citoyens ne sont pas au courant de tous ces détails. C’est à partir de là, que les citoyens de manière générale, ont divorcés avec les partis politiques et ont démissionné de toutes les activités politiques.
Votre parti Front de l’Algérie Nouvelle FAN, a prôné l’Algérie nouvelle depuis bien longtemps. Aujourd’hui, nous vivons dans une Algérie nouvelle comme vous l’avez prôné depuis. Qu’en pensez vous de ce lien ou coïncidence du hasard qui fait les choses ?
…Il marque un temps de réflexion suivi d’un sourire et répond… Notre parti est créé en 2012. Nous avons un programme politique. Le président de la République à son programme également qu’il a intitulé « L’Algérie nouvelle » qu’il veut concrétiser sur le terrain. Je dirai que nous sommes très contents et cela prouve que nous avons une vision politique pour le futur. Parce que le président est en train de réaliser un programme d’Etat. Du moment que le président s’inspire du nom de notre parti, donc, nous avons une vision progressiste pour l’avenir. Il y a plusieurs positions qui ont étés prise par le président Tebboune dans son programme de 54 engagements, nous partageons dont la politique étrangère. Nous sommes d’accord avec lui et nous le soutenons mille fois. Sur le plan intérieur, le président Tebboune a pris plusieurs décisions qui vont dans le sens du développement de l’économie nationale, l’intérêt des citoyens et le front sociale, l’intérêt de la jeunesse, les intellectuels, l’identité nationale etc. Malheureusement, il y a beaucoup de blocages sur le terrain. Il y a ceux qui mettent des bâtons dans les roues. C’est vrai que beaucoup d’actions ont étés engagées, mais, nous n’avons pas vue grand-chose sur le terrain a cause de tout ces blocages bureaucratiques. Nous avons vue la dégradation du pouvoir d’achats, le manque de liquidité, la spéculation dans les produits, la bureaucratie qui bloque toutes les initiatives. Lorsque on se déplace auprès des administrations pour réclamer telle ou telles choses, on nous dit que le président a dit, mais nous n’avons rien reçu de manière officielle. On n’a pas de documents administrative, texte d’application pour exécution et appliquer les instructions au niveau des services concernés. Le président à dit à la télévision mais, sur le terrain, nous n’avons pas de note et d’instruction pour appliquer ce qui a été dit. Je pense que quelques soit les décisions qui sont prises, le président a besoins des hommes authentiques, compétents, honnêtes et nationalistes qui croient au programme du président pour l’application de son programme à la lettre.
Pensez-vous que justement, que c’est à causse de faiblesse des partis politique que le président s’est tourné vers la société civile pour appliquer et assurer le suivi de son programme ?
Je pense que chaque partie à son rôle à jouer. La société civile ne peut pas remplacer le politique et le politique ne peut pas être à la place de la société civile. Le pays a besoin d’une société civile forte, honnête et transparente et bien organisée. Le pays a besoin également besoin de classe politique consciente et responsable. Cela nécessite un environnement politique favorable une motivation pour permettre à la jeunesse et les cadres d’adhérer dans l’action politique. Justement. On appelle le président de la république, afin d’assurer et garantir un environnement favorable et loyal pour sortir sur le terrain.
Le défunt Abane Ramadhan, paix à son âme, a parlé de la primauté du politique sur le militaire. Moi, je dirai autrement, la primauté politique sur l’administration. Aujourd’hui, le véritable problème se trouve entre le politique et l’administration bureaucratique qui ralenti le développement des investissements, ralenti la culture, le sport, les médias, le développement économique et politique national. L’administration ne fait que s’accaparer des prérogatives au dépend des élus, les partis, les syndicats et toutes autres organisations. Elle ralenti le programme du président de la République. Si non, comment peut-on admettre la présence d’un administrateur qui ne change pas de poste durant 30 et 40 ans, alors que ce sont des dizaines de ministres qui changent, mais l’administrateur ne change pas. Il y a des cas ou le ministre n’a aucun pouvoir pour changer tel ou tel responsable malgré ses défaillances flagrantes.
L’Algérie a été élu membre non permanent au conseil de sécurité ONU à partir de l’année prochaine 2024. Un commentaire à ce sujet ?
Premièrement. Il y a 15 membres en tout. 5 membres permanents et 10 membres non permanents chaque année. L’Algérie a présenté sa candidature et elle a réussi avec 184 voix sur 193, cela est une preuve de crédibilité et confiance placée pour l’Algérie sur le plan international. Le rôle assené à la diplomatie algérienne au niveau Africain et international a donné des résultats connus et reconnus dans la résolution de plusieurs conflits compliqués. La force et l’impact de la diplomatie algérienne, est bâti sur les principes de la paix, stabilité et la sécurité des pays dans le monde et non pas sur ses intérêts. Pour ce qui reste au niveau de la diplomatie algérienne, je me réfère au dernier discours du président de la République à l’occasion de l’assemblée générale des Nations Unis ou il a souligné le soutien indéfectible aux causes justes et nobles en Afrique et dans le monde arabe et dans le monde entier.
L’Algérie est un pays de médiation, je pense que l’élection de l’Algérie comme membre non permanent au conseil de sécurité ONU, est très importante surtout dans le contexte actuel. Plusieurs pays sont menacés à tout moment, par le déclenchement d’une troisième guerre mondiale. Nous souhaitons la résolution des conflits par des solutions politiques loin de la violence et les guerres qui ne font que compliquer la situation des peuples.
Le peuple Marocain, a vécu une catastrophe naturelle qui a laissé des milliers de morts, blessés et des disparus. Qu’en est-il de votre lecture politique ?
D’abord, je tiens à présenter mes condoléances aux familles des victimes de nos frères et voisin marocain. Nous sommes solidaires avec eux. Nos cœurs sont avec eux. La position de l’Algérie est noble est une position de principe. La solidarité de l’Algérie s’est placée au-dessus du conflit. Mais malheureusement, la réponse du makhzen est ignoble. C’est une réponse qui révèle que le Maroc, n’est pas souverain, mais occupé par le sioniste Israël. Ce n’est pas le roi du Maroc, ni le gouvernement ni le chef du gouvernement qui décident, mais c’est bien les sionistes qui décident à leurs places. C’est l’ambassadeur sioniste et Andry Azoulay, conseiller du roi qui décident à la place de ceux qui gouvernent au Maroc. La position du Maroc, se répercute négativement sur le peuple marocain d’abord qui a besoin d’aide et solidarité surtout dans ces moments difficiles. Le roi du Maroc, travaille contre son peuple. Même les pays qui sont en guerre, ne refusent pas les aides à leurs peuples.
Que pensez vous de l’évolution de la langue Amazigh, en tant que langue nationale et officielle et une des trois composantes de l’identité Algérienne à côté de l’Arabe et de l’Islam ?
Premièrement. Si l’on regarde la question sur le plan lois, constitution et institution, je peux dire que la langue Amazigh a réalisé une grande avancée. Quant à l’aspect technique, pédagogique et l’organisation du travail, malgré tout ce qui se fait au niveau du Haut-Commissariat à l’Amazighité HCA, il y a un recule. Beaucoup de choses restent à faire. Sur le plan enseignement et efforts de l’Etat en matière de recrutement des enseignants, c’est important. Mais sur le plan pratique, notamment l’accessibilité à la langue et son utilisation, il y a un relâchement. Je pense que les gens se sont refroidit un peu par rapport à la question. L’Etat a assuré le cadre constitutionnel. Le président de la République à sacralisé Tamazight à côté de la langue Arabe et l’Islam. Trois principales composantes de l’identité nationale. C’est-à-dire même s’il y a une catégorie de gens contre la langue Amazigh, racistes, aujourd’hui les portes sont fermées face aux racismes. Ils sont obligés de respecter la loi. Si non il y a des dossiers judiciaires qui seront ouvert à leurs encontre devant la justice pour leurs ignorance et opposition à la langue Amazigh qui fait partie des trois composantes de l’identité nationale.
Sur le plan linguistique, la question reste posée. Est-ce que on va aller dans le sens des dialectes ou une langue qui unit tous ses dialectes ? Cela oblige l’ouverture de la langue Amazighe. Personnellement je suis pour l’unification des dialectes. D’autres part, on doit aussi définir la description. Faut il continuer à l’écrire avec le latin, le Tifinagh ou en langue Arabe ? Pour répondre à la question, je pense que l’on doit revenir aussi au niveau de son enseignement pour unir cette transcription dans une seule langue que tout le monde comprend. Le sujet est très important. Cela se fait dans le cadre de l’académie de la langue Amazigh pour laquelle, on doit lui assurer tous les moyens nécessaires pour faire un travail purement scientifique et la sortir de la politique des discussions de la rue. Il y a également un travail de sensibilisation que l’on doit faire dans ce sens. Il y a encore des gens qui sont contre la langue Amazigh, il y a des gens qui ne veulent pas reconnaitre la langue Amazigh. Il y a ceux qui ont déclaré la guerre contre la langue Amazigh. Langue nationale et officielle et partie intégrante de l’identité algérienne.
Ces gens trompent l’opinion publique sous prétexte de la domination du kabyle sur les autres dialectes. Je dirai que c’est faux et archifaux. Ce n’est pas vrai. C’est le plus grand mensonge. Ces gens trompent l’opinion publique. C’est pour cela qu’il faut développer la sensibilisation qui releve un travail de l’Etat. L’Etat a tous les moyens nécessaires pour élever le débat sur la question de la langue Amazigh. La langue Amazighe appartient à tous les algériens. Il y a beaucoup d’exemples. Nous avons tous vue et vécus ce qui s’est passé au sujet des noms. Il faut respecter l’histoire et laisser apparaitre la réalité des choses. Ce qui est Amazigh est Amazigh, ce qui en langue Arabe reste en langue Arabe ce qui est Romain reste Romain.
On doit laisser apparaitre la réalité historique des choses. Rien n’empêche de revenir à notre histoire. Il y a un grand travail dans ce sens et on doit s’entraider tous pour le bien de notre pays. Les médias, les intellectuels, les autorités, et surtout il faut accélérer le rôle et le travail de l’académie scientifique dans l’intérêt national et pour faire sortir la question de Tamazight des récupérations politiques et partisanes. Nous sommes tous concernés par l’obligation de faire valoir le respect mutuel et faire face à cette rancœur et obscurité. Nous sommes tous obligés de respecter les trois dimensions historiques, à savoir l’arabe, l’amazigh et l’islam. Si l’on continue à s’attaquer aux autres, c’est sûr qu’il y’aura des réactions légitimes. Si l’on s’attaque à la langue Amazigh, nous faisons du mal aussi à la langue Arabe par nous-même. La solution réside dans le respect mutuel et la cohabitation national dans toutes nos dimensions culturelles historique.
Quelques mots pour conclure ?
Je vous remercie pour nous avoir donné l’occasion de s’exprimer. Je souhaite également que les médias assument leurs responsabilités médiatiques pour assurer le développement d’un environnement favorable. Mon souhait c’est de voire des motivations au profits des organes médiatiques pour s’imposer en tant que quatrième pouvoir, construire et orienter l’opinion publique et pourquoi pas construire également les décisions comme c’est le cas des pays développés. On ne peut pas construire la démocratie sans médias forts et engagés pour l’intérêt général et le développement du pays avant tout.
Entretien réalisé par Amar CHEKAR