Les propos non démentis du président français, Emmanuel Macron sur l’Algérie sont très graves, a affirmé le géopolitologue et directeur de l’Institut français des relations internationales et stratégiques IRIS, Pascal Boniface.
« Dire que la nation algérienne n’existait pas avant la colonisation, c’est quand même très grave par rapport à toute l’histoire mémorielle entre les deux pays », a-t-il déclaré lors d’un débat sur la nouvelle crise entre Alger et Paris, diffusé par une chaine de télévision française.
Il a expliqué, à ce titre, qu’en diplomatie, un président n’a pas le droit de tenir de tels propos. Il a rappelé, à ce titre, que la France n’a pas hésité à rappeler son ambassadeur à Rome lorsqu’un ministre italien était venu au secours des gilets jaunes, estimant qu’il s’agissait d’une ingérence dans la politique française.
Le géopolitologue, condamne les dernières déclarations de M. Macron dans lesquelles « il remet en cause » l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation française a heurté l’opinion publique algérienne y compris les opposants au régime.
Evoquant la nouvelle sortie médiatique du président français sur l’Algérie, M. Boniface a estimé que « le mal est fait ». « Le président Macron a cru nécessaire de tempérer un peu ses propos, mais je pense que le mal est fait », a-t-il indiqué. Pour ce chercheur, les propos de Macron visent, surtout, un objectif électoraliste à l’approche de la présidentielle d’avril 2022.
« Il y a aussi un discours de politique intérieure de la part de Macron. Il vient chasser sur les terres d’Eric Zemmour et du Front national », a-t-il expliqué.
Interrogé sur l’effet que pourrait avoir la décision prise par Paris de réduire de moitié le nombre de visas d’entrée sur son territoire aux ressortissants algériens, Boniface a estimé qu' »il aurait fallu avoir un levier un peu plus discret au départ ».
« On a l’impression de sommer les pays de faire quelque chose. On sait très bien qu’en diplomatie, ce n’est pas toujours en agitant les drapeaux qu’on obtient des résultats », a-t-il expliqué.
Ferhath Fekrach